De la psychanalyse à l'amour pluriel,
ou la différence sexuelle revisitée

 

Avertissement :

   Cet article peut éventuellement vous exposer à des difficultés de lecture. Non pas que ce soit très compliqué mais que sont évoquées des notions dont il n'est pas habituel de parler, qui nous concernent pourtant tous mais qui, précisément, s'approchent du fonctionnement de nos inconscients, lesquels ne restent pas sans s’en défendre. Cette difficulté pourra se manifester par une sensation de « saturation » pluss ou moins rapide au décours de sa lecture. Je recommande de ne pas insister si cela se présente, de passer à autre chose et de reprendre la lecture pluss tard, du début et jusqu'à la nouvelle sensation de saturation et ainsi de suite. Sans cette précaution le risque de tout rejeter d'un bloc est important et vous y perdriez en connaissance de vous-même.

 

1/ Intro :

   Il y a le parcours de croiser le concept du polyamour au gré de ses interrogations suite à de possibles vécus difficiles de l'amour « conventionnel », en suivant l'intuition d'un concept « qui nous parle », puis de s'interroger sur ce que pourrait bien être le « fondement » de ce concept... Je pense que c'est le cas commun des personnes explorant cette voie.

   Mon expérience est exactement le parcours inverse. J'ai inventé seul dans ma petite tête l'idée de l'amour pluriel en partant de mon expérience bien sûr mais laquelle est rapidement tombée dans la marmite de la psychanalyse, pour découvrir à la fin que le concept polyamour était réfléchi depuis des années et que je n'avais rien inventé !

   L'intérêt que peut apporter mon témoignage n'est donc pas dans le fait d'avoir réinventé le fil à couper le beurre, mais dans celui d'être parti de la base théorique du fonctionnement de nos inconscients pour remonter à l'amour pluriel. C'est à dire que je me trouve, bien à mon insu, en situation d'apporter une connaissance possiblement rationnelle aux fondements psychiques du polyamour.

   On me dira : « Mais pourquoi donc cet olibrius inconnu sorti de nulle part ? La psychanalyse elle-même aurait déjà dû nous indiquer la potentielle pertinence du concept, non ? »...

...c'est que voilà : Freud, auquel on doit l'immense avancée de la mise en évidence du primat de la sexualité dans le fonctionnement de nos inconscients, a construit la suite de sa théorie sur ce qu'il a nommé le complexe de castration qui voyait, dans l'origine de la différence observée dans la pulsion psychique sexuelle entre des femmes et des hommes, la présence du pénis chez le garçon contre son absence chez la fille. Or cette véritable base de sa théorie s'avère être une erreur conceptuelle, on verra pluss loin pourquoi.

   Cette erreur est possiblement une des causes du fait qu'au lieu de devenir un acte thérapeutique libérateur généralisé, la psychanalyse s'est cantonnée à influer uniquement sur l'individu, devenant ainsi protecteur passif de la société, ne se permettant pas d'intervenir sur elle mais aidant cahin-caha l'individu à faire avec.

   Et alors. Il s'avère que l'erreur conceptuelle de Freud a été corrigée, il y a une quarantaine d'années, par un psychanalyste contemporain resté étonnamment méconnu.

   Ma route a ainsi croisé celle de ce « troisième psychanalyste » (après Freud et Lacan comme fondateurs... et ce n'est pas de l'auto-proclamation...). Et l'incongru de la situation se poursuit lorsque l'on considère que votre serviteur est probablement une des rares personnes à avoir étudié et cherché à comprendre la majeure partie de son œuvre sur plusieurs années. Je n'en tire aucune gloriole...c'est comme ça.

   « Tout cela ne donne pas beaucoup de crédit à l'affaire ! » me direz-vous ... Eh bien c'est tout votre droit de le penser et de passer à autre chose et bienvenue pour la suite, les autres.

 

2/ Le Docteur William Théaux :

   Plutôt que de trop charger le propos de cet article et de risquer, qui pluss est, l'insuffisance, l'erreur ou la déformation, je vais le laisser se présenter lui-même avec cette première d'une série de 5 vidéos d'interview biographique.

   Vous pourrez ainsi faire sa connaissance ici :

https://www.youtube.com/watch?v=8erwblYsifw&feature=youtu.be   (temps de lecture d'environ 40 min)

   Je peux préciser également qu'il est présent sur les réseaux sociaux dont FaceBook sous les avatars DWT ou Antheaum Toll , et administrateur de plusieurs pages :

democratietempsreel par
https://apso.info/theatre

https://www.facebook.com/groups/266606953877479/

https://www.facebook.com/groups/214806045237757/

https://www.facebook.com/groups/214806045237757/
https://www.facebook.com/groups/245228208863568/

 

3/ Des difficultés du sujet de l'inconscient et de traiter de l'inconscient du 'sujet'...

   L'inconscient est « la matière première » de la psychanalyse. Question vertigineuse et on ne peut pluss délicate que de parvenir à se faire une idée de ce qu'est l'inconscient. Même les 'pères' de la psychanalyse s'y sont cassé les dents. C'est, par définition, quelque chose dont on peut suspecter la force et la présence quelque part - en constatant par exemple des répétitions, des reproductions d’événements contraires ou contrariant ce vers quoi nous voulions consciemment aller et imaginant alors cette force invisible qui nous aurait poussé dans cette direction à notre insu - mais sans jamais pouvoir la montrer du doigt cette force. Ce côté « insaisissable » lui donne forcément un aspect inquiétant et l'on préfère alors s'en éloigner ou dénier sa réalité. La partie ne lui sera alors que pluss facile et la force continuera de s'exercer en toute quiétude pour reproduire les mêmes erreurs jusqu'à ce qu'on se penche sur la question à force d'échecs, ou qu'on trouve de nouvelles voies d'exploration, de façons d'être, de vivre, pour, si ce n'est mieux se comprendre, tenter de se retrouver pluss « en phase » avec soi-même.

   L’inconscient est un « agent furtif permanent ». Il ne laisse que peu de traces patentes de sa présence : les rêves, les accidents de langage (lapsus), les associations d'idées incongrues, etc... On ne peut qu'à la rigueur l'apercevoir, le ressentir, entre les mots, au-delà des mots, derrière les miroirs et les façades.

   L'exercice médical, à condition d'y être sensibilisé, offre une place de choix pour mieux l'entrapercevoir. Parce que défilé permanent d'histoires de vies où l'intime trouve la place de se révéler et, qu'à force de défilés, à travers chaque individualité propre qui s'exprime, ressortent des « constantes » de destinées partagées. Cela aide à voir que ces constantes suivent les mêmes règles pour tout un chacun et ce sont ces règles du fonctionnement psychique inconscient que la psychanalyse a cherché à établir.

   Mais, lorsque l'on veut en parler de cet inconscient, pas d'autre choix que nos mots avec toutes leurs insuffisances. Il faut se méfier alors de ne pas les prendre forcément « pour argent comptant » ces mots, c'est à dire au premier degré de ce qu'ils disent. Il faut essayer de percevoir la musique qui se cache derrière les notes et pas se contenter des points noirs ou blancs sur la partition ! C'est une des raisons pour lesquelles le langage psychanalytique paraît trop souvent abscons. Il cherche à dire l’indicible.

   On peut quand même préciser qu'une de ses caractéristiques est qu'il est principalement alimenté par ce qu'on appelle « le refoulement ». Qu'est-ce que c'est ?

   Nous avons tous peu ou prou vécu dans notre enfance des « traumatismes psychiques ». Des événements, des mots, des expériences relationnelles qui ont fortement marqué notre psychisme en maturation en « négatif ». Si fortement et de façon si traumatique que la personnalité pour continuer à se construire ne trouve que la solution de faire disparaître le traumatisme de sa mémoire. La construction psychique se poursuit comme si de rien n'était en cherchant son équilibre et son épanouissement avec les moyens qui lui sont donnés. On peut ainsi arriver à sa réalisation d'adulte avec le sentiment que tout va bien. Mais, tôt ou tard - mais assez systématiquement, les aléas de la vie vont se charger de venir tester la solidité du château de cartes construit en oubliant le ou les traumatismes et, il peut arriver que le château s'écroule. On croit que c'est la faute des circonstances de vie mais en fait non : c'est la vie qui se charge de venir dire à notre conscience qu'elle a oublié de se rappeler quelque chose, comme si c'était notre inconscient qui avait provoqué lesdites circonstances. Et, ce quelque chose, c'est la marque invisible qu'ont laissé le ou les traumatismes de l'enfance dans notre psyché. On croyait en être débarrassé mais c'était toujours là et ça nous poussait dans le mur à notre insu !

   Et, il faut rajouter qu'outre les traumatismes personnels, les organisations sociétales et les principes éducatifs qui vont avec peuvent être source de traumatismes authentiques quand elles se trouvent en trop grand décalage avec « l'état de nature »... conduisant à une sorte de pathologie collective partagée ! Cela conduit également tôt ou tard le groupe sociétal dans un mur jusqu'à ce qu'il prenne en compte ce qu'il a oublié...

 

4/ De quoi parle la psychanalyse quand elle évoque la différence sexuelle ?

   Il ne s'agit bien entendu pas que de la différence physique entre l'homme et la femme, laquelle est (pas exclusivement mais en grande partie) sous l'influence des hormones.

   Non, il est question ici de différence d'ordre psychique touchant principalement la fonction sexuelle et reposant sur le concept de libido.

   Voici quelques définitions :

« Le terme libido signifie en latin envie, désir.... Freud en a toujours maintenu deux caractéristiques originales :

D’un point de vue qualitatif, la libido n’est pas réductible, comme le voudrait Jung, à une énergie mentale non spécifiée. Si elle peut être « désexualisée », notamment dans les investissements narcissiques, c’est toujours secondairement et par une renonciation au but spécifiquement sexuel.

La libido s’affirme toujours davantage comme un concept quantitatif : elle « … permet de mesurer les processus et les transformations dans le domaine de l’excitation sexuelle ». « Sa production, son augmentation et sa diminution, sa répartition et son déplacement devraient nous fournir les moyens d’expliquer les phénomènes psychosexuels ».

Ces deux caractéristiques sont soulignées dans cette définition de Freud : « Libido est une expression empruntée à la théorie de l’affectivité. Nous appelons ainsi l’énergie, considérée comme une grandeur quantitative – quoiqu’elle ne soit pas actuellement mesurable – de ces pulsions qui ont à faire avec tout ce que l’on peut comprendre sous le nom d’amour »

   Et donc, si l'on parle de différence c'est que l'observation psychanalytique a montré que l'énergie libidinale n'était pas de la même nature chez l'homme et la femme. C'est pour essayer d’expliquer les raisons de cette différence que Freud a conçu son fameux complexe de castration, tentant d'imaginer la dynamique des jeux psychiques inconscients au cours du développement de la sexualité infantile.

   J'insiste sur le caractère gras de « énergie » et « nature »... il va falloir expliquer le pourquoi d'une pulsion énergétique différente entre femmes et hommes et ce à l'état de nature.

 

5/ Les (très) grandes lignes de l'apport de la psychanalyse à la connaissance humaine :

   Outre ce que j'en ai déjà dit, il faut encore poser quelques repères :

5.1/ La communication psychologique inconsciente 

   Nous (tous) apprenons la vie et nous construisons par ce que l'on peut appeler un « jeu de miroirs ». Et, pour tous, nos deux miroirs de référence, primaires, primitifs, sont notre mère et notre père, soit biologiques (avec toute l'importance que cela comporte vu la filiation génétique), soit « de substitution » quand les circonstances sont pluss défavorables.

   Notre représentation du monde pluss tard restera toujours pluss ou moins indéfectiblement reliée à cette première image du couple qui nous a « mis à la vie ». Par définition, ce couple est dit « sexué » c'est à dire que d'emblée nous sommes confrontés à « une différence » entre le père et la mère et que nous allons devoir apprendre à nous situer comme individu par rapport à cette différence.

   Cela conduit à un premier constat qu'une fois adulte, et inconsciemment, nous voyons notre partenaire non pour ce qu'il/elle est en tant qu'individu mais en interprétant son être à travers le prisme de l'image reçue de notre mère pour les hommes, de notre père pour les femmes (On parle de « source d'orientation » à propos du compagnon ou de la compagne et d'  « objet d'orientation » quant au père ou à la mère) et, très schématiquement et en général, en reproduisant le comportement du parent de même sexe à son égard.

 

 

   Les choses ne sont pas radicalement différentes dans le cas de l'homosexualité ou des variations de genre puisqu'il s'agit ici de la question d'un choix d'orientation de l'investissement psychique de la libido (avec toutes les variantes imaginables) au-delà de notre constitution « physique », ce qui ne change rien fondamentalement aux identifications parentales que l'on a reçu, au rôle que l'on donne au partenaire et celui qu'on investit avec lui (toujours inconsciemment...).

5.2/ La théorie de la pulsion

   Je trouve cette page http://www.la-psychologie.com/concept%20pulsion.htm#_ftnref2 qui expose assez bien la question et dont je copie les extraits suivants :

Définition de la pulsion :Par pulsion, nous désignons le représentant psychique d’une source continue d’excitation provenant de l’intérieur de l’organisme, que nous différencions de l’«excitation» extérieure et discontinue. La pulsion est donc à la limite des domaines psychique et physique... les pulsions ne possèdent aucune qualité par elles-mêmes, mais qu’elles existent seulement comme quantité susceptible de produire un certain travail dans la vie psychique. Ce qui distingue les pulsions les unes des autres, et les marque d’un caractère spécifique, ce sont les rapports qui existent entre elles et leurs sources somatiques d’une part, et leur but d’autre part. La source de la pulsion se trouve dans l’excitation d’un organe, et son but prochain est l’apaisement d’une telle excitation organique.”

FREUD, S., (1915), Pulsions et destins des pulsions in Métapsychologie, Paris, Gallimard, 1968, p. 11-44.

   Les quatre caractéristiques de la pulsion:

- la poussée : se traduit par l’exigence de travail imposée à l’appareil psychique dont le rôle est la maîtrise de l’excitation. La libido (latin : désir, envie, aspiration) est la manifestation dynamique (énergie) dans la vie psychique de la pulsion sexuelle....

- la source : est le processus qui surgit dans un organe ou une partie du corps, l’excitation somatique. Un lieu du corps en état de tension, d’excitation, de manque. Sur le plan sexuel, n’importe quel point du corps peut aussi bien être l’origine que l’aboutissement d’une pulsion, c’est-à-dire érogénéisé (zone érogène)....

- l’objet : est le moyen par lequel la pulsion peut atteindre son but. Il est très variable et non déterminé à l’avance dans le sens que la pulsion ne se réalise jamais, elle tend vers un but... L’objet de la pulsion est pris dans le fantasme. L’objet après lequel on court est constitutif de notre propre identité (infra).

- le but : Que cherche la pulsion ? … Le but est alors la satisfaction qui permet la levée de la tension, de retrouver l’homéostasie interne, l’état d’excitation zéro. On parle alors de principe de Nirvana.

   Un schéma classique donne une représentation de l'ensemble du processus :

 

 

5.3/ La « logique » sphinctérienne

   Cette structure en forme d'anneau rouge que vous distinguez sur le schéma ci-dessus qui est annotée « bord, source, zone érogène... » Correspond à ce que la psychanalyse qualifie de sphincter. Rapportée à la logique des corps il faut donc entendre le terme d'une façon beaucoup plus large que dans le sens qui lui est attribué dans le langage commun. Il faut le comprendre comme l'ensemble des trous de l'organisme, de l'enveloppe corporelle d'un individu, par lesquels passe « de l'information », dans les deux sens. C'est à dire que la pulsion, l'énergie vitale qui naît dans l'organisme (mise en tension) va sortir de cet organisme par le sphincter, aller comme chercher l'information à l'extérieur et, cette information trouvée, va rentrer à son tour fournir la réponse à la mise en tension par ce même sphincter ce qui va entraîner, lorsque l'information est satisfaisante, une retombée de la tension (le « coup marqué » du schéma).

   A chaque type de sphincter un équipement neurologique spécifique. On peut ainsi considérer que la pupille est le sphincter spécifique de la vision, le conduit auditif le sphincter spécifique de l'audition, le larynx et les cordes vocales le sphincter spécifique de la voix et, pourquoi pas, chaque pore de la peau le sphincter de la sensibilité cutanée, etc... (on prend du plaisir ou pas à voir, à entendre, etc...). Le tout est en interconnexion à travers notre système nerveux et notre cerveau.

   Les sphincters sont donc les interfaces entre l'individu et l'extérieur (tout l'environnement de l'individu, dont les autres individus bien sûr...) qui mettent en contact ces deux espaces et leur permettent de communiquer.

 

6/ Et alors ? Elle se situe où, dans les corps, cette différence de libido entre femmes et hommes ?

   Eh bien… Pas là où Freud l'a situé. Mais plutôt du côté de l'incroyable oubli dont il a fait preuve : S. Freud, qui était donc homme, médecin et qui cherchait ce qui pouvait bien expliquer cette différence libidinale au niveau des corps, a écrit trois à quatre traités sur le sujet sans jamais évoquer, ne serait-ce qu'une seule fois, l'existence des... testicules !

   Cela est tout à fait incroyable mais vérifié. Comme quoi le fait d'avoir conceptualisé la notion d'inconscient ne le mettait pas à l'abri du sien, responsable de cet oubli monumental.

   Donc il n'a vu que le pénis présent chez le garçon et « absent » chez la fille, comptant le clitoris pour quantité négligeable du fait de sa petite taille. Mais, si on peut admettre qu'il est un peu pluss difficile de voir un clitoris qu'un pénis, en dehors de la taille, il n'y a strictement aucune différence quant à l'équipement neurologique, le côté érectile et donc le type d'information envoyé au cerveau au titre du plaisir. La petite fille peut parfaitement jouer avec, ressentir la même chose que le garçon et son imaginaire l'imaginer pluss grand ! Donc S. Freud a construit sa théorie sur un faux constat, une fausse différence.

   La réalité « neuro-anatomique » de cette fameuse différence fait appel à la notion de sphincter et la logique pulsionnelle qui va avec. Il y a deux sphincters de pluss chez le garçon qui n'existent pas chez la fille.

   Il faut pour comprendre cela aller y voir du côté de la fin de la maturation du fœtus dans le ventre de la mère (embryologie). Femmes et hommes ont des organes spécifiques à la reproduction qui sont les gonades (ovaires et les testicules). Tous deux sont situés, au commencement de la maturation du fœtus à l'intérieur de l'abdomen, chez la fille comme chez le garçon. Mais, chez ce dernier, sur la fin de la grossesse, les testicules commencent une migration. Ils vont littéralement sortir de l'abdomen, traverser la paroi de celui-ci par deux trous au-dessus du pubis, descendre à l'avant de ce dernier, pour finir dans le scrotum (les bourses) qui sont l'équivalent des lèvres vulvaires de la fille qui se soudent entre elles. Les deux sphincters de pluss (ou surnuméraires) sont là : ce sont ces deux trous au-dessus du pubis. Et, que contiennent-ils après que les testicules y soient passé ? Les cordons spermatiques. C'est à dire qu'à chaque fois que l'homme éjacule, ces sphincters sont le lieu d'une stimulation particulière associée au plaisir ressenti par l'homme lors de son orgasme.

   Je contredirai tout de suite une objection qui pourrait-être avancée sous le concept d'éjaculation féminine. Cette dernière peut être associée d'un côté à des phénomènes glandulaires au niveau de la muqueuse vaginale (glandes de Skène), glandes dont on peut retrouver un équivalent le long de la filière génito-urinaire de l'homme et d'autre part à des phénomènes de spasmes de la vessie lors de l'orgasme féminin chez certaines femmes (dites « fontaine », ou squirting en anglais). Il n'y a dans ces phénomènes aucune différence anatomique d'avec l'homme mettant en jeu une différence sphinctérienne, donc pulsionnelle.

 

7/ Et quelles peuvent en être les conséquences quant aux libidos respectives ?

(A compter d'ici, dans cet article, le propos doit être considéré essentiellement comme le fruit de mes propres réflexions et n'engage que moi. Néanmoins la majeure partie a déjà été exposée en des lieux publics ou privés et lue par le Dr Théaux qui n'aurait pas manqué de me signaler tel ou tel aspect délirant ou à côté de la plaque. De pluss je lui ai demandé de relire cet article avant publication.)

   Nous arrivons là au point ultime à saisir pour espérer que femmes et hommes se comprennent mieux, eux/elles-mêmes, comprenne mieux la différence de fonctionnement entre les deux sexes, et, l'admettant, soient à même de rénover radicalement les rapports qu'ils entretiennent avec leur sexualité. Et, si l'on accepte le primat de cette sexualité sur nos fonctionnements inconscients montré par Freud, toutes les conséquences sont imaginables en termes d'harmonie sociale en général.

   Nous avons vu la multiplicité des sphincters (chacun étant le siège de « sa » pulsion que l'on dit « partielle ») dans les corps. Il va de soi que dans l'acte sexuel qui vient célébrer l'amour et l'attirance entre deux êtres tous sont mis en jeu. Il y a le plaisir de ce que l'on voit, le plaisir de ce que l'on entend, le plaisir de ce que l'on sent, le plaisir du toucher au contact d'un grain de peau, etc... puis le plaisir que l'on se donne pluss spécifiquement avec les zones érogènes. Il faut donc admettre l'idée qu'il existe un plaisir spécifique à l'homme au moment de son éjaculation qui signe son orgasme.

   La première conséquence est que : sans que l'on ait connaissance de cela, nous pensons que l'orgasme « c'est la même chose pour l'autre», chez la femme pour l'homme et chez l'homme pour la femme. Nous imaginons avoir le même « équipement pulsionnel ». Or ce n'est pas le cas. Pour l'homme, on peut caricaturer en disant que le but de l'acte (ce qui va permettre à sa tension sexuelle de baisser) c'est l'éjaculation, parce que ce moment-là est d'une intensité telle au niveau de son ressenti que c'est un peu comme s'il ne pensait qu'à ça et que l'activation, la stimulation de ces deux sphincters spécifiques prenait le pas sur l'activation de tous les autres sphincters de son corps au point de les reléguer au second plan, comme s'ils n'avaient qu'une importance secondaire.

   Et, donc, il n'en est pas de même chez la femme qui, pour prendre son plaisir et atteindre son orgasme, a beaucoup pluss besoin que l'ensemble de ses sphincters soient stimulés et « en phase ». Ne nous signifient-elles pas régulièrement que, pour elles, pour que leur désir s'active, il faut réunir un certain nombre de conditions favorables dont les hommes peuvent beaucoup plus facilement se passer ?...

(Ne perdez pas de vue que je parle du cas général, c'est à dire d'une moyenne, autour de laquelle peut se greffer la multitude de variations individuelles des ressentis. Ainsi, selon votre vécu et votre conscientisation des choses vous pouvez vous sentir pluss ou moins en décalage avec ce que j'énonce...)

   Tout cela conduit au fait que, pour la femme comme pour l'homme, pluss ou moins consciemment, l'orgasme, la pulsion et le désir de l'autre comporte sa part de mystère et donc, d'incompréhension potentielle.

   Et, il faut comprendre aussi que puisse se loger dans cette différence la notion d'une pluss grande impériosité du désir sexuel chez l'homme. On peut le penser comme une constitution faite pour « semer aux quatre vents » et destinée à une préservation de l’espèce (à resituer dans le contexte des origines de l’humanité avec une espérance de vie dérisoirement faible).

 

8/ Au-delà de cette logique sphinctérienne pulsionnelle : facteurs hormonaux et interférence de la fonction de reproduction

   Un constat, tout de même troublant, est à intégrer à cette base pulsionnelle : Pour un homme, à chaque éjaculation, ce sont environ 500 millions de spermatozoïdes envoyés « à destination ». Pour une femme, c'est, jusqu'à la ménopause... un seul et unique ovule éjecté de ses ovaires par mois !

   Le statut hormonal est lui aussi radicalement différent on le sait. Un taux de testostérone relativement constant chez l'homme (diminuant très progressivement et de façon variable lors de ladite andropause, et ce d'autant moins qu'une activité sexuelle est maintenue). Des fluctuations permanentes chez la femme, de la puberté à la ménopause. C’est-à-dire, y compris au cours d'un seul cycle menstruel, un jeu de « montagnes russes » entre les taux d'œstrogène et de progestérone avec au cours de ce même cycle une influence de ces hormones sur sa libido (variabilité individuelle importante, toujours...).

   On peut ainsi dire, sans être trop caricatural, que la femme « paye cher » sa sexualité ! Du fait évidemment que c'est elle qui a à assumer la fonction de gestation. Des règles 1 semaine sur 4 (éventuellement douloureuses), de possibles variations d'humeur avec les taux de ses hormones, les conséquences d'une éventuelle procréation qu'elle aura à assumer dans son corps pendant 9 mois, et j'en passe. Ces derniers phénomènes sont pluss facile à comprendre et admettre pour l'homme normalement cérébré mais viennent en rajouter à ce qui peut rapidement devenir un très gros décalage dans le régime des pulsions et leur « résolution » ! De là à créer le terrain propice à la montée de tensions relationnelles, il n'y a qu'un pas. Rajoutez-y quelques petites têtes blondes ou brunes ou rousses au milieu, dans un état de dépendance complète à leurs parents pour un bon nombre d'années, la place pour une sexualité épanouie peut parfois en venir à se réduire considérablement.

   Une parenthèse pour exprimer, à partir de ces premiers constats, l'impact considérabe, en terme d'oxygène et d'espace apporté à cette sexualité féminine, de la contraception et de la légalisation de l'avortement dans les pays occidentaux ! 

 

9/ Des effets pervers du renoncement à assumer une fonction pulsionnelle « naturelle » 

   On peut suspecter d'abord que l'acte sexuel en lui-même, comble de ce qui devrait être vu comme une communion entre deux êtres qui s'attirent, en terme d'expérience sensorielle - y a t-il expérience sensorielle pluss forte et inhabituelle que celle de l'orgasme ? Surtout lorsqu'il est partagé ! - soit, du fait de cette méconnaissance de l'autre, trop souvent quelque peu « baclé ».

   Ensuite, (attention : toujours cas général...et toujours côté inconscient...), il peut être intéressant d'envisager que, du fait du caractère impérieux du désir masculin, l'acte puisse être, coté féminin, ressenti comme ayant une tonalité d'agression.

   Cette agression est traduite en actes d'abord, et ce depuis malheureusement des millénaires, par toutes les cohortes de viols et d'abus qui n'ont pû que marquer de façon négative indélébile l'inconscient féminin. Elle est responsable du fait que la sensibilisation à la sexualité des filles se réduit le plus souvent à une mise en garde contre le grand méchant loup (à juste titre, mais nouvelle connotation négative de l'acte !).

   Ensuite, je vais vous renvoyer au quatrième paragraphe qui parle de libido :

   « Si elle peut être « désexualisée », notamment dans les investissements narcissiques, c’est toujours secondairement et par une renonciation au but spécifiquement sexuel. »

   Cela veut dire quoi ? Eh bien que si, narcissiquement, on ne trouve pas le moyen d'apaiser la tension de notre libido par le biais de sa fonction première qui est la sexualité, il va falloir trouver le moyen de compenser cette reconnaissance narcissique par des moyens détournés et désexualisés ! Quels sont-ils, tels qu'on peut les voir au quotidien ?

   Classiquement chez l'homme à travers la notion de « réussite sociale », et ce dans des sociétés où règne la règle de la compétition et du premier arrivé qui gagne, les jeux de pouvoir qui vont avec et leur violence intrinsèque, le tout aboutissant au succès que l'on sait de nos sociétés de grande consommation dont on commence à très bien percevoir qu'elle conduisent à la destruction de notre planète et l'anéantissement de la diversité (sans compter avec la militarisation et la guerre : violence ultime qu'on ne parvient plus à contenir...).

   Et, classiquement chez la femme (toujours cas général) à une sorte d'hyperinvestissement de sa fonction maternelle détournant sa pulsion affective en direction de sa progéniture à laquelle elle va donner souvent pluss que l'affection nécessaire parce qu'ayant fini par faire le deuil de l'épanouissement de sa propre sexualité. On peut aisément comprendre que cela soit source d'un déséquilibre dans la recherche d'autonomie affective de l'enfant qui est tout de même essentiellement sensé apprendre progressivement son autonomisation de futur adulte, y compris affectivement.

   Enfin et de façon pluss large : Une des bases fondamentales des théories du développement psychique selon la psychanalyse est le mécanisme de la triangulation père/mère/enfants. On peut donc dire que jusqu'ici, les recherches à partir de Freud pour parvenir à définir la place que chacune des parties du triangle devrait occuper idéalement, se sont faites sans avoir décelé la véritable nature de la différence entre homme et femme. A partir de là le bouchon peut être poussé jusqu'à affirmer que nous éduquons nos enfants sans savoir ce que nous faisons. Que, de ce fait, nous nous trouvons à retransmettre les erreurs dont nous avons hérité nous même, pression sociale surajoutée à l'appui. Le résultat étant que parvenir à un réel statut d'adulte libre ayant gagné l'autonomie de sa pensée est rarrissime. Et que, dans nos rapports les uns avec les autres c'est un peu comme si nous restions collé au schéma de la relation qui nous liait à nos parents, teintant trop souvent ces rapports de débordements d'ordre infantile. J'aurais tendance à ranger l'explication de la jalousie comme ayant cette origine. 

 

10/ Et alors … L'amour pluriel dans tout cela ??...

   Eh bien, messieurs dames... moi qui débarque rejoindre votre communauté que je découvre après un long cheminement intellectuel et affectif qui m'avait amené à imaginer tout seul l'identique, je suis entrain de me demander si vous n'êtes pas les premiers acteurs d'une possible révolution pacifique humanitaire en marche (ah non, zut, en marche c'est galvaudé maintenant...^_^) ! Ni pluss ni moins.

   Car, que se passe t-il en effet, à la lumière de tout ce que je viens de vous exposer ?

   Ce peut être vu comme un processus de reconnaissance d'une pulsion de l'homme qu'il n'aurait plus à assumer dans le secret, le mensonge, le refoulement ou la désexualisation narcissique dévastatrice, brisant tout un flot de culpabilisation qui ne fait que pluss l'enfermer dans l'incompréhension de la différence féminine et une pluss grande violence...

   Et, pour la femme, dans la foulée des quelques avancées chèrement gagnées contre l'asservissement masculin qui ne voulait voir en elle qu'une mère porteuse et une mère tout court, finir de gagner définitivement son statut de femme, pouvoir réinvestir sa propre sexualité elle aussi déculpabilisée et extirpée de l'image de « la putain » qu'on lui a tant collé si elle osait penser à son propre plaisir, faire enfin une claire distinction entre la mère et la femme qui sont en elle, remettant chacune à sa juste place et cessant de sacrifier la femme contre l'essence de sa nature. Sans compter la meilleure reconnaissance par l'homme des spécificités de son désir à elle.

   On peut donc voir dans ce nouveau concept d'amours pluriels ou polyamours les premiers pas de l'humanité vers un monde où, enfin, nous sortirions d'une ancestrale guerre des sexes, issue d'un manque de connaissance à l'origine, d'une immaturité affective auto-entretenue par les codes sociétaux qui encadrent la norme admise à l'exercice d'un besoin pulsionnel naturel, pour nous considérer enfin comme égaux en droits, en devoirs et en droit à l'amour, nous porter assistance mutuelle de façon plurielle, dans la connaissance la reconnaissance et le respect de notre différence.

 

Dr S.C, Sept.2018

On suivra si on voudra l'appui par Antheaum Toll de cette initiative